Autour de l'an mil,
le comte d'Anjou Foulques III Nerra (987-1040) entreprit de
ceinturer la Touraine qu'il convoitait, d'un rideau de fortifications
en pierre. Ainsi s'élevèrent d'impressionnants
donjons, à Loches,
Langeais, Semblançay
et Montbazon. La ville de Tours était alors aux mains
du puissant comte de Blois et un long conflit opposa les maisons
d'Anjou et de Blois. Les moines de l'abbaye de Cormery étaient
propriétaires de Montbazon. Ils se plaignirent auprès
du roi Robert II de ce que Foulques bâtissait un château
sur leurs terres.
Dès 997, le
comte de Blois parvint à enlever Montbazon à
son rival angevin et Foulques Nerra ne put le reprendre qu'en
1037. Le comte d'Anjou Geoffroi Martel (1040-1060), fils et
successeur de Foulques Nerra, triompha finalement de Thibaut
de Blois à Saint-Martin-le-Beau le 22 août 1044,
et la Touraine devint angevine.
Henri II Plantagenêt
fit considérablement renforcer une place dont Philippe
Auguste s'empara dans la foulée de l'invasion de l'Anjou
et de la Touraine (1204-1205). Elle fut aussitôt inféodée
et passa entre les mains de différents grands lignages.
Au commencement du XVe siècle, d'importants travaux
furent initiés et l'on construisit un vaste corps de
logis dans l'esprit du temps. Montbazon prit une dimension
supérieure en 1588, lorsqu'elle obtint le rang de duché-pairie.
Négligée à compter du milieu du XVIIIe
siècle, la forteresse devint une simple carrière
de pierres et servit même d'entrepôt à
un tonnelier au XIXe siècle. Le donjon fut éventré
par la foudre et l'on installa le télégraphe
(système de Chappe, basé sur des signaux visuels)
à son sommet entre 1823 et 1852.
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Les bonnes fées
se penchèrent sur le sort des ruines à compter
de 1860. L'ensemble fut d'abord acheté par un certain
Joseph de la Ville le Roux, qui initia des travaux de consolidation.
Il fit installer au sommet du donjon une monumentale Vierge
à l'Enfant, à la place du télégraphe.
Le salut vint finalement d'un officier américain arrivé
pour combattre en France durant la Première Guerre
Mondiale. William Perry Dudley reçut une blessure sur
le front et fut envoyé dans la région pour des
soins. Il eut un coup de cur pour la vieille forteresse
de Foulques Nerra, l'acheta quelques années plus tard
et y commença les vraies consolidations en compagnie
de son amie, l'artiste-peintre Lilian Whitteker. La Seconde
Guerre Mondiale interrompit son ouvrage. Dans les années
80, le site a séduit les époux Atterton, qui
se lancèrent avec abnégation dans la restauration
générale du monument. Leur volonté a
permis sa réouverture au public.
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