La première
mention de Yèvre apparaît en 855 dans une donation
faite par Charles II le Chauve à l'abbaye de Fleury
(Saint-Benoît-sur-Loire). Son gardien, un certain Arnoul,
fait édifier à Yèvre en 988 une demeure
fortifiée. Un diplôme d'Hugues Capet, daté
de 993, répondant à une plainte de l'abbaye
" pour rapines continuelles et mauvaises coutumes "
à l'encontre d'Arnoul, nous renseigne sur le côté
" turbulent " du personnage. Pour le punir, sa demeure
est partiellement détruite. Sous la pression de l'abbaye,
le château sera, deux nouvelles fois, ruiné (avant
1018 et vers 1040-1045) mais toujours reconstruit (vers 1031
et entre 1060 et 1065).
Lorsque Louis VI
le Gros contraint Foulque, vicomte du Gâtinais, à
lui céder Yèvre vers 1112, le château
devient résidence royale. Louis VI en 1120, Louis VII
le Jeune en 1162, Philippe Auguste en 1222 y signeront des
chartes. C'est ce dernier qui, vers 1200, décide de
reconstruire la forteresse en y introduisant les nouveautés
architecturales rapportées des croisades.
En 1344, Philippe,
second fils du roi Philippe VI de Valois, reçoit la
châtellenie d'Yèvre lors de la création
du duché d'Orléans. On trouve dans les comptes
du duché pour les années 1406-1408, la mention
de travaux réalisés sur le site : pour la première
année, la " trappe du pont de devant ", la
poterne principale et le " guichet " de la seconde
poterne. L'année suivante, la " galerie "
de la courtine ouest est découverte, abaissée
puis recouverte, la charpente supérieure menaçant
de s'écrouler.
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Pendant la guerre
de Cent Ans, les troupes anglaises ravagent la région.
Froissard raconte dans sa chronique qu'en l'année 1357,
" il ne demeura ni place, ni ville, ni forteresse, si
bien gardée fût-elle qui ne fut prise et pillée
". Néanmoins, durant l'offensive de 1429, Yèvre
reste avec Montargis la seule place forte du Nord de la Loire
à ne pas tomber aux mains des Anglo-bourguignons. Sa
garnison participe même activement aux combats dans
la région jusqu'en 1436.
A la fin de la guerre,
de 1442 à 1445, d'importants travaux sont entrepris.
On y répare les toitures et la galerie du château.
En 1562, lors des
guerres de Religion, le château est investi par les
huguenots. C'est probablement lors de cette prise que les
voûtes intérieures s'effondrent. Un inventaire
du début du XVIIe siècle (après 1610)
nous confirme le mauvais état du château : "
il est en ruines et inhabitable
". Pendant la révolution,
la dégradation continue car le château sert de
carrière de pierres. Victor Hugo le visitant en août
1834 écrira toutefois ceci : " Yèvre le
Châtel contient à lui seul un couvent et un château
ruinés, mais complets ".
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